PERSONNALITÉS

Pride 2023: House of Yes

Écouter la playlist

Pour célébrer la culture des clubs queer à l'occasion de la Pride 2023, nous rencontrons House of Yes de Brooklyn, l'un des quatre collectifs ayant collaboré avec COS afin de créer un T-shirt au logo exclusif pour soutenir des associations caritatives LGBTQIA+.

En 2007, Kae Burke (she/her) et Anya Sapozhnikova (she/her), deux amies de lycée, ont repris le bail d'un squat délabré situé sur une bande industrielle à Ridgewood, dans le Queens. « Nous commencions tout juste à être des artistes émergentes et à nous intéresser aux arts du cirque », explique Kae Burke par une matinée ensoleillée à Brooklyn. « Nous vivions comme un collectif artistique et organisions des ateliers de partage de compétences en cirque et de fabrication de costumes, ainsi que des fêtes à domicile occasionnelles. »

Elles ont donné à leur centre de création, situé dans un loft à côté de grossistes et de fabricants de Troutman Street, le nom valorisant de House of Yes. Un an plus tard, un incendie ravageait le bâtiment. Avec le soutien financier de leur communauté, elles ont trouvé domicile dans une ancienne glacière à East Williamsburg.

« Au départ, il s'agissait d'un espace de travail habitable mais, dans cet espace plus grand, nous avons pu construire un théâtre de cirque, doublé d'un espace événementiel », explique Burke. En 2013, un autre obstacle s'est dressé sur leur chemin, sous la forme d'une énorme augmentation de loyer, une barrière familière pour ces lieux souterrains. N'ayant jamais abandonné, House of Yes est revenu en 2016, après une interruption de trois ans, avec de nouveaux partenaires, Ilan Telmont (he/him) et Justin Ahiyon (he/him). Prenant possession d'un grand bâtiment commercial plus haut pour les acrobaties, c'est en peignant un YES géant sur le côté de l'immeuble qu'ils signalaient leur arrivée.

À la fois boîte de nuit et théâtre de cirque, l'actuelle House of Yes témoigne du pouvoir d'inspiration et de guérison de la performance. « Je crois vraiment que les meilleures fêtes sont celles où tout le monde participe », déclare Burke. « Il ne s'agit pas d'une mer de gens qui regardent la scène pour écouter un DJ. Pour nous, cela doit ressembler à une house party follement élaborée. »

Sur le plan musical, House of Yes se délecte de l'inattendu, de la pop burlesque et de l'humour. Bien que son programme comprenne des DJ de renom et certains des spectacles de variétés les plus célèbres du moment, avec des acrobates, des danseurs de go-go, des cracheurs de feu et des échassiers, House of Yes soutient l'expression artistique de tous ceux et celles qui y participent. « Nos fêtes sont très interactives et tout le monde est invité à participer », déclare Burke. « Nous organisons de nombreuses soirées à thème, et il y a toujours une invitation à la découverte. »

Nous avons demandé à Kae d'expliquer ce qui fait de House of Yes ce qu'elle est avant d'explorer les questions impactant leur communauté.

«Il peut être très bénéfique de se trouver dans un espace qui vous invite à être qui vous êtes, qui que ce soit.»

Vous encouragez l'expression créative lors de vos soirées. Seriez-vous d'accord de dire que cela peut être encore plus important pour la communauté LGBTQIA+ ?

« Il peut être très bénéfique de se trouver dans un espace qui vous invite à être qui vous êtes, qui que ce soit. Ceci est particulièrement important pour les personnes issues d'un milieu où leur vérité n'est pas célébrée, appréciée ou même autorisée. Nous avons donc créé un espace où il est agréable d'être soi-même. »

Votre programme est très varié. Comment décidez-vous des événements à organiser pour trouver le bon équilibre ?

« Nous faisons beaucoup de recherche de talents et établissons des relations avec des artistes, des producteurs et des promoteurs. House of Yes est une plateforme pour tous les types de créatifs. Notre rôle en tant qu'organisateurs.trices est de développer des expériences inspirantes et d'encourager de nouveaux talents, tout en créant différents événements et en veillant à ce que notre calendrier soit aussi diversifié que notre public. »

Avez-vous vu les attitudes à l'égard de la communauté LGBTQIA+ changer depuis que vous avez commencé ?    

« J'ai vu les choses changer à New York et dans le monde entier. Aujourd'hui, les identités homosexuelles sont beaucoup mieux connues, comprises et acceptées. J'ai observé l'effondrement des normes binaires et la façon dont toutes les identités émergentes sont célébrées. À l'époque, on était hétéro, gay ou lesbienne. Aujourd'hui, il existe tout un éventail d'identités. Les gens ont beaucoup plus de choix pour trouver leurs communautés, se découvrir eux.elles-mêmes et découvrir qui ils.elles sont. »

Vos soirées semblent très démocratiques et les artistes ne sont pas seulement ceux et celles qui sont sur scène.
« Sans aucun doute. Par exemple, nous faisons ce que nous appelons un dance-floor casting, où quelqu'un attire notre attention en portant la tenue la plus étonnante ou en dansant de manière extatique. Parfois, certaines personnes dégagent une certaine énergie et vous vous dites "Oh mon Dieu, pouvons-nous vous embaucher ?" C'est très fun. Nous n'avons pas d'auditions formelles, il s'agit souvent de se présenter et de s'impliquer dans notre petite communauté créative. »

Quels sont les principaux défis liés à la création d'espaces comme le vôtre ?  

« Pendant de nombreuses années, la House of Yes était en fait clandestine, car on ne pouvait pas vivre là où l'on travaillait, et si l'on voulait organiser son propre événement, l'obtention d'une licence de vente d'alcool était extrêmement onéreuse. Aujourd'hui encore, il y a tant de permis et de réglementations à respecter. Pour les personnes qui se lancent dans l'hébergement d'espaces, ou l'organisation d'événements, il peut s'agir d'un défi sans fin. »

Même avant la pandémie, des lieux et des espaces fermaient. Que peut-on faire pour encourager des espaces similaires au vôtre à s'ouvrir et à survivre ?

« Nous avons besoin d'un soutien continu pour les jeunes entrepreneurs créatifs afin qu'ils sachent comment gérer les finances et les autorisations pour pouvoir s'établir et créer des espaces pour leurs communautés. En outre, il serait très utile que le gouvernement soutienne les espaces vides ou sous-utilisés, afin qu'ils puissent être mis à la disposition des artistes gratuitement ou moyennant un loyer réduit. Et bien sûr, une fois qu'un espace existe, allez-y, soutenez-le, faites-en la promotion et donnez des pourboires généreux. »

L'une des questions abordées par ce projet COS est le concept d'espaces plus sûrs pour la communauté LGBTQIA+. Y a-t-il quelque chose de formel que vous avez mis en place ou s'agit-il plutôt d'une culture que vous entretenez ?

Alejandro : « Nous aimerions qu'ils développent des mécanismes qui protègent ces lois. C'est un peu des deux. Nous ne tolérons aucune forme de discrimination. Nous avons une politique très solide en matière d'espaces plus sûrs et, en tant que lieu de réunion, nous disposons d'un personnel formé et de personnes chargées de la sécurité pour aider à maintenir cette intention. Nous croyons également à la responsabilité des invités de donner le meilleur d'eux.elles-mêmes. »


Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez voir à l'avenir en termes de vie nocturne pour la communauté LGBTQIA+ ? 

« En tant que société, nous devons comprendre que les gens ne viennent pas toujours de milieux où la sécurité est privilégiée, qu'elle soit émotionnelle, physique ou financière. Les gens doivent être généreux dans leur soutien et dans leur compréhension des besoins uniques des créateurs.trices de la communauté LGBTQIA+ afin que leurs expressions puissent exister dans l'univers. »

Pouvez-vous nous dire en quoi le design du T-shirt correspond à l'esthétique de House of Yes ?

« Le design en forme de cœur reflète l'idée que "LOVE is the VIBE!". Les lignes et formes interconnectées sont comme des communautés qui s'unissent pour créer quelque chose d'unique et de beau. »

« House of Yes est une plateforme pour tous les types de créatifs. »

5 MINUTES DE QUESTIONS

Qui serait votre invité.e de rêve pour House of Yes ?
« Björk. »

Quel est le bâtiment dans le monde que vous aimeriez occuper le temps d'une fête ?
« Le parc de sculptures surréalistes Xilitla dans la jungle mexicaine. »

Quel est votre autre endroit préféré à Brooklyn ?
« Un minuscule bar à vin et espace de danse appelé Mansions. »

Quel est le meilleur numéro de cirque que vous ayez jamais vu ?
« OPIUM par Spiegelworld à Vegas. »


Comment décririez-vous House of Yes ?
« C'est comme si le Studio 54 et le Cirque du Soleil avaient eu un enfant. »


Interview : Andy Thomas
Portrait : X
Photographie : X
Styling : X


Découvrez la collection capsule de T-shirts en édition limitée COS Pride 2023, aux quatre modèles exclusifs issus de quatre des clubs queer les plus emblématiques au monde. 100 % des bénéfices de vente de cette collaboration seront reversés à diverses associations caritatives telles que X, Y & Z.