PERSONNALITÉS
Colman Domingo : partager des histoires avec style
Qu’il apparaisse sur scène, à l’écran ou sur le tapis rouge, tout ce que l’acteur Colman Domingo entreprend est naturellement lié par son sens du style luxueux.
« Quand il s’agit de mode, je veux avoir l’impression non seulement de faire partie de la fête, mais d'être la fête ! », déclare l’acteur, scénariste et réalisateur Colman Domingo depuis sa chambre d’hôtel ensoleillée. C’est une belle matinée à Milan et le lauréat d’un Emmy émane d'ondes positives dans sa maille orange vive, un homme qui s’habille d’une manière aussi généreuse qu’expressive. « Je porte quelque chose de tape-à-l'œil parce que nous nous rencontrons en ligne », dit-il. « Le moins que je puisse faire, c’est de t'offrir de la couleur ! » Quelle que soit l’occasion, Domingo raconte son histoire à travers ses vêtements
À la fois premier Afro-Latino et Afro-Américain ouvertement gay à être nominé aux Oscars, pour avoir joué un militant des droits civiques dans le biopic Netflix, Rustin, le jeune homme de 54 ans est un acteur qui s'éloigne des catégories dans lesquelles des artistes issu(e)s de milieux comme le sien se retrouvent figé(e)s. Bien qu’il représente de nombreuses communautés, c’est son travail qui l’a défini et redéfini à maintes reprises au cours d’une carrière qui s’étend sur trois décennies. « Mais ce dont je me réjouis le plus, c’est de ne plus jamais être le premier », dit-il. « J’ai hâte qu’il y en ait beaucoup d'autres, beaucoup de frères et sœurs dont le travail unique les fera s'éloigner de ces catégorisations. »
Né à Philadelphie mais désormais établi à Malibu, il a passé ses années de formation sur la scène théâtrale de San Francisco puis de New York, travaillant entre la télévision, le cinéma et Broadway. Surtout connu pour des films comme Ma Rainey’s Black Bottom et le remake de 2023 de The Color Purple, ainsi que pour la série de zombies Fear the Walking Dead, c’est le rôle d’Ali, sponsor du personnage de Zendaya, Rue, dans le révolutionnaire Euphoria, qui lui a permis de remporter à la fois un Emmy Award et de dévoiler des profondeurs invisibles à son talent.
« Sam Levinson, l'auteur-producteur, a écrit Ali pour moi parce qu’il était conscient de ce dont j'étais capable », dit-il, « Il a élevé mon travail d’une manière comme jamais faite auparavant ». Et à mesure que son succès à l’écran s’accélère, son prochain film, Sing Sing, génère déjà un buzz aux Oscars, son style hors écran attire des niveaux d’attention similaires, Domingo étant régulièrement en tête des listes des célébrités les mieux habillées.
Du tailoring flou aux proportions extrêmes et couleurs hyper-réalistes, il apporte une nouvelle élégance masculine sur le tapis rouge, qui semble aussi chic et opulente qu’enracinée dans le prêt-à-porter masculin classique. Il dégage un drame joyeux accompagné d'un amour authentique de la mode. « J’aime penser que c’est un luxe effortless », dit-il, « Parfois, je me couvre complètement, d’autres fois, je montre un peu plus de peau, mais dans tous les cas, je veux me sentir sexy et intemporel ».
Mettant fin à une tournée européenne l'ayant mené à Cannes, Paris et Amsterdam, il nous parle de ses modèles, de son plan mais également de sa foi en son destin, et de la raison pour laquelle Anna Wintour réussit si bien le Met Gala.
« Quand il s’agit de mode, je veux avoir l’impression non seulement de faire partie de la fête, mais d'être la fête ! »
CHOISIR SA VOIE
« Je suis un bon acteur, et j'écris sur ce en quoi je crois, mais je pense que je suis un réalisateur encore plus audacieux parce que je sais collaborer. Je sais quelles sont les bonnes questions à poser et comment m’inspirer. C’est mon vrai don, faire ressortir le meilleur des gens. »
UNE MEILLEURE REPRÉSENTATION
« Nous avons toutes et tous du travail à accomplir, mais nous devons exiger davantage des échelons supérieurs de l’industrie. Il ne peut pas s’agir uniquement d’acteurs, de réalisateurs, de producteurs. Tout le monde dans les cadres supérieurs doit s'impliquer. C’est là que nous pouvons faire la différence. Nous devons progresser et commencer à faire partie de ces cadres. Je n’ai pas de société de production pour des raisons égoïstes. Je veux faire le travail qui a besoin d’exister. »
ÊTRE AUDACIEUX
« Mes modèles sont Sidney Poitier, Meryl Streep, James Earl Jones. Des personnalités comme Sophia Loren, audacieuses dans leur façon de créer et d'agencer des plateformes pour elles-mêmes. Regardez Diane Keaton, c’est une originale. Jodie Foster, pareil. J'admire la façon dont elle sait quand se mettre derrière la caméra ou sur le devant de la scène. »
CRÉER SA CHANCE
« Avoir la foi, croire au destin et à la magie, cela m’a été inculqué dès mon plus jeune âge. Je crois que l’amour se trouve dans les découvertes insolites, pas sur les applications. Cela relève de choses plus analogiques, comme l’utilisation de vos sens et la sensation d’une énergie. Vous pouvez avoir un plan et travailler dur, mais vous devez toujours rester ouvert aux invitations inattendues, qui sait ce que vous pourriez apprendre. Parfois, il suffit de dire oui. »
PARTAGER DES HISTOIRES AVEC STYLE
« La créatrice de costumes Avery Plewes m’a beaucoup appris sur l’utilisation de la coupe, du style et des références pour créer un personnage. J’adore partager des histoires par le biais de la mode, des vêtements. Derrière tout ce que j’ai porté sur un tapis rouge, il y a une histoire. Ça a toujours été important, même à l’époque où j’avais 5 $ pour acheter quelque chose dans un magasin vintage. »
UN HÉRITAGE DE MODE
« J’avais du mal à décider quoi porter pour les Emmy Awards jusqu’à ce que quelqu’un me demande ce que j’aimerais voir quand je regarderai une photo de cette nuit-là dans 25 ans. Cette question a tout débloqué. J’ai vu du crème. J’ai vu mes longues jambes mises en valeur dans un costume taille haute et court, une version élégante du smoking. Cela m’a fait réfléchir aux essentiels de mon héritage. »
SURPRENDRE
« Quand vous portez quelque chose de vraiment original sur le tapis rouge, les gens s’attendent à ce que vous mettiez les bouchées doubles la fois suivante. C’est à ce moment-là qu'il vous faut les surprendre. J’ai porté un costume français classique à Cannes parce que cela me semblait juste, de la même manière que je n’allais pas porter du rose vif et des paillettes pour la promotion de Sing Sing, un film sur la prison. Faites des choix de style qui correspondent à l'histoire que vous partagez. »
« Parfois, je me couvre complètement, d’autres fois, je montre un peu plus de peau, mais dans tous les cas, je veux me sentir sexy et intemporel. »
UNE OEUVRE D'ART VIVANTE
« Ce sont peut-être mes racines théâtrales, mais je suis très sensible à la lumière et au son. Pour me sentir à l’aise, que ce soit à la maison ou dans une chambre d’hôtel, j’aime que tous les éléments s'harmonisent. Quelqu’un qui comprend vraiment ça, c’est Anna Wintour, la seule façon dont je puisse décrire le Met Gala, c'est comme se trouver à l’intérieur d’une œuvre d’art. C’est ce que j’aspire à être, une oeuvre d'art vivante. »
PRENDRE LE TEMPS
« Pour la première fois depuis longtemps, je peux reprendre mon souffle, faire la grasse matinée, me promener au coucher du soleil. Je n’ai pas besoin de télécharger de scripts ; j'ai le temps de penser et de réfléchir au travail à venir. Je peux donner libre cours à ma créativité en allant au musée et en mangeant sainement. Vous ne pouvez pas créer de l’art sans vous ressourcer. En ce moment, j’en suis à cette étape. »
5 MINUTES DE QUESTIONS
Si vous ne pouviez porter qu’un seul accessoire ?
Un bracelet en diamant.
New York, Los Angeles ou Philadelphie ?
Tokyo.
Scène ou écran ?
Écran.
Votre photo préférée enregistrée sur votre téléphone ?
Ma mère à Paris.
Interview : Ben Perdue
Colman Domingo porte des pièces de la collection COS Automne-Hiver 2024. Photographie : Karim Sadli. Styling : Jane How.